Plaidoyer pour la liberté fondamentale d’avorter (Contre les idées liberticides de l’ECLJ)
Publié le 14/11/2025Résumé exécutif
Message clé : l’avortement n’est pas une opinion, c’est un droit. L’ECLJ et ses alliés veulent restreindre les libertés des femmes au nom d’une morale religieuse. Pourtant, la science, le droit européen, et la majorité des citoyennes et citoyens soutiennent l’IVG comme un droit fondamental. La vraie question n’est pas « pro-vie » ou « pro-choix », mais : veut-on une Europe où les femmes sont libres de décider de leur corps ? ou une Europe où des lobbies religieux imposent leurs dogmes à tous ? Agissons pour que l’Initiative Citoyenne Européenne (ICE) « My Voice, My Choice » devienne une réalité !
Argumentaire de l’AEPL
a) L’Initiative Citoyenne Européenne « My Voice, My Choice » : un mouvement pour l’autonomie des femmes
L’Initiative Citoyenne Européenne (ICE) « My Voice, My Choice », enregistrée en avril 2024, est un mouvement historique porté par plus de 300 organisations féministes et de défense des droits humains à travers l’Europe. Son objectif : garantir l’accès à un avortement sûr, légal et accessible dans tous les États membres de l’Union européenne. L’ICE a recueilli plus d’un million de signatures valides, dépassant largement le seuil requis pour être examinée par la Commission européenne.
Cette initiative est une réponse aux inégalités criantes en matière d’accès à l’IVG en Europe. Dans certains pays, comme la Pologne ou Malte, les restrictions légales poussent des milliers de femmes à recourir à des avortements clandestins ou à voyager à l’étranger, souvent dans des conditions précaires et coûteuses. « My Voice, My Choice » demande à l’UE de mettre en place un mécanisme de soutien financier pour permettre aux femmes d’accéder à des IVG sûres, conformément aux législations nationales, et de faire de l’avortement un droit fondamental, protégé par les institutions européennes.
Les organisateurs, dont l’Institut slovène du 8 mars, insistent sur l’importance d’une approche globale : éducation sexuelle, accès gratuit à la contraception, et politiques sociales fortes pour réduire le recours à l’IVG. Leur message est clair : l’autonomie corporelle des femmes n’est pas négociable. La réponse de la Commission européenne est attendue pour le 2 mars 2026.
b) Les activités liberticides de l’ECLJ : qui sont ces ultra-conservateurs ?
Die European Center for Law and Justice (ECLJ) est une organisation non gouvernementale fondée en 1998, affiliée à l’American Center for Law and Justice (ACLJ), un lobby juridique évangélique conservateur américain. Dirigé par Grégor Puppinck et Jay Alan Sekulow (ancien avocat de Donald Trump), l’ECLJ se présente comme un défenseur des « droits de l’homme » et de la « dignité humaine », mais son agenda est clairement anti-avortement, anti-mariage homosexuel, et anti-euthanasie.
A savoir
- Grégor Puppinck : Juriste français, directeur général de l’ECLJ, connu[1] pour ses prises de position contre l’IVG, la PMA pour les couples homosexuels, et la « théorie du genre ». Il défend une vision naturaliste et chrétienne du droit, opposée au relativisme moral.
- Jay Alan Sekulow : Avocat américain, fondateur de l’ACLJ, proche[2] des milieux évangéliques conservateurs. Il a plaidé devant la Cour suprême des États-Unis pour défendre des causes religieuses.
- Financement : L’ECLJ est financé principalement par l’ACLJ, qui lève des millions de dollars auprès de donateurs évangéliques américains. En 2019, l’ACLJ a versé plus d’un million de dollars à l’ECLJ.
Leur lobbying anti-avortement
L’ECLJ mène une campagne agressive contre l’IVG en Europe, en organisant des conférences, en publiant des rapports, et en intervenant devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Leur stratégie repose sur :
- La manipulation des témoignages : Lors d’une conférence au Parlement européen en octobre 2025, l’ECLJ a invité des femmes à raconter leur « souffrance post-avortement », en citant une étude IFOP de 2020 selon laquelle 92 % des femmes déclareraient que l’avortement laisse des traces difficiles à vivre. Pourtant, cette étude est contestée par la communauté scientifique pour son manque de rigueur méthodologique.
- La promotion de politiques natalistes : L’ECLJ vante les politiques de la Hongrie ou de l’Italie, où des aides financières sont accordées aux familles, mais sans garantir l’autonomie des femmes. Leur objectif : supprimer le financement européen des programmes pro-IVG et rediriger ces fonds vers des « alternatives à l’avortement ».
- L’influence sur les députés européens : Lors de leur conférence, huit députés européens (dont des membres du PPE et de l’ECR) ont soutenu leurs positions, montrant leur capacité à influencer les institutions.
Un discours trompeur et dangereux
L’ECLJ présente l’avortement comme un « piège idéologique » et un « acte toujours traumatisant ». Pourtant, les données de l’OMS et de l’Académie américaine de pédiatrie montrent que la majorité des femmes ressentent un soulagement après un avortement, surtout lorsque la décision est libre et accompagnée. Leur rhétorique vise à culpabiliser les femmes et à restreindre leurs droits, sous couvert de « protection de la vie ».
c) L’IVG, un droit fondamental reconnu par l’Union européenne
L’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) est un droit fondamental, protégé par la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et par la jurisprudence européenne.
Les bases juridiques
- Dignité humaine (Article 1) : Le droit à l’autonomie corporelle est un pilier de la dignité. De même que forcer une femme à avorter alors qu’elle ne le souhaite pas, forcer une femme à poursuivre une grossesse non désirée est une violation de son intégrité physique et mentale.
- Droit à l’intégrité physique et mentale (Article 3) : L’IVG protège les femmes des risques liés aux grossesses non désirées ou aux avortements clandestins.
- Respect de la vie privée (Article 7) : La décision d’avorter relève de la sphère intime. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a confirmé à plusieurs reprises que l’accès à l’IVG est un droit protégé (arrêt Tysiącz v. Pologne, 2007).
- Égalité entre les sexes (Article 23) : Refuser l’IVG aggrave les inégalités, en limitant l’autonomie des femmes.
- Non-discrimination (Article 21) : Les restrictions à l’IVG discriminent les femmes précaires, qui n’ont pas les moyens de se rendre à l’étranger.
- Droit à la santé (Article 35) : L’OMS considère l’IVG comme un service de santé essentiel. Les pays où l’avortement est légal ont des taux de mortalité maternelle plus bas.
Une reconnaissance internationale
- La CEDAW (Convention sur l’élimination des discriminations à l’égard des femmes) encourage les États à garantir l’accès à l’IVG.
- L’OMS souligne que la légalisation de l’IVG réduit la mortalité maternelle de 70 %.
Schlussfolgerung : L’IVG n’est pas un « privilège », mais un droit humain fondamental, protégé par le droit européen et international.
d) Contre-arguments aux idées de l’ECLJ : la réalité scientifique et juridique
L’ECLJ utilise des arguments émotionnels et biaisés pour discréditer l’IVG. Voici pourquoi leurs thèses sont infondées :
- « L’avortement est toujours traumatisant »
- Réalité : Les études sérieuses (OMS, Social Science & Medicine, 2018) montrent que le soulagement est plus fréquent que le regret. La souffrance post-avortement est souvent liée à la stigmatisation sociale, pas à l’acte en soi.
- Biais méthodologique : Les études citées par l’ECLJ (comme celle de l’IFOP) sont non représentatives et orientées. Une méta-analyse de 2018 conclut que les femmes qui avortent n’ont pas plus de risques de problèmes de santé mentale que celles qui mènent une grossesse non désirée à terme.
- « L’avortement nie les droits de l’enfant à naître »
- Réalité juridique : Le droit international (CEDH, Convention de New York) ne reconnaît pas de personnalité juridique au fœtus avant la naissance. La Cour européenne a rappelé que l’autonomie de la femme prime (A, B et C c. Irlande, 2010).
- Approche graduelle : Les législations européennes (France, Belgique, Allemagne) reconnaissent des droits croissants au fœtus sans nier ceux de la femme.
- « Les mouvements pro-choix minimisent la souffrance des femmes »
- Réalité : Les mouvements pro-choix ne nient pas la complexité de l’avortement, mais défendent le droit des femmes à décider sans stigmatisation. Les pays où l’IVG est légale et accompagnée (Pays-Bas, Suède) ont moins de complications et de regrets que ceux où elle est restreinte.
- « Il faut financer des alternatives à l’IVG »
- Réalité : Les politiques de soutien à la famille (allocations, congés parentaux) sont nécessaires, mais insuffisantes. En Pologne, où l’IVG est très restreinte, le nombre d’avortements clandestins reste élevé.
- Biais méthodologique : Réduire le recours à l’IVG passe par trois piliers différents : a) l’éducation sexuelle, b) l’accès à la contraception, et c) des politiques sociales fortes (logement, emploi, garde d’enfants).
- « L’argent public ne doit pas financer l’avortement »
- Réalité : L’UE ne peut imposer une politique unique, mais elle doit garantir l’accès aux soins. Les fonds européens financent des programmes de santé reproductive globale, qui réduisent le nombre d’IVG.
Schlussfolgerung : Les arguments de l’ECLJ reposent sur des données sélectives, des interprétations juridiques biaisées, et une vision moralisatrice de la sexualité. Leur objectif : restreindre les droits des femmes sous couvert de « protection de la vie ».
e) La décision d’avorter appartient aux femmes, pas aux clergés ou aux partenaires
L’autonomie corporelle est un droit inaliénable. Voici pourquoi la décision d’avorter doit revenir uniquement à la femme enceinte :
- Autonomie corporelle : un principe fondamental
- Droit international : La Déclaration universelle des droits de l’homme (Article 3) protège l’intégrité physique et la liberté individuelle. Une grossesse impose des changements physiques, psychologiques et sociaux majeurs à la femme.
- Responsabilité exclusive : Les risques (complications, mortalité maternelle) et les conséquences (charge mentale, responsabilité parentale) pèsent uniquement sur la femme.
- Le rôle des hommes : soutien, pas décision
- Les hommes peuvent exprimer leur opinion, mais ne peuvent pas décider à la place des femmes.
- Exemple : En France, la loi Veil (1975) a reconnu que « aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement », mais que l’interdire aggrave les souffrances.
- Critique de l’ingérence religieuse
- Biais bibliques : Les textes sacrés (Bible, Coran) ont été écrits dans des contextes patriarcaux. Par exemple, l’Ancien Testament ne traite pas de l’avortement sous l’angle du consentement ou du droit de la femme, mais plutôt comme un dommage patrimonial au mari.
- Contrôle historique : Les institutions religieuses ont souvent servi à contrôler la sexualité des femmes, limitant leur liberté au nom d’une morale imposée.
- Égalité et justice sociale
- Inégalités aggravées : Interdire l’avortement pénalise les femmes pauvres, qui n’ont pas les moyens de voyager à l’étranger.
- Exemple : Aux États-Unis, après l’annulation de Roe v. Wade, les avortements clandestins ont augmenté dans les États restrictifs.
Schlussfolgerung : La décision d’avorter est une question de dignité, de liberté et de justice. Les femmes doivent pouvoir choisir sans ingérence religieuse ou masculine.
f) Les dogmes religieux : des hypothèses invérifiables, pas des vérités universelles
Les arguments de l’ECLJ reposent sur des dogmes religieux, qui sont des hypothèses non prouvées, pas des faits scientifiques.
- Les dogmes : des affirmations non falsifiables
- Absence de preuve empirique : Aucune preuve ne confirme l’existence d’un dieu ou d’une révélation divine. Les croyants invoquent la « foi », ce qui place ces croyances hors du champ de la raison.
- Charge de la preuve : En logique, c’est à celui qui affirme l’existence de Dieu d’en apporter la preuve (rasoir d’Ockham).
- Les textes sacrés : des œuvres humaines, pas des paroles divines
- Contexte historique : La Bible et le Coran ont été écrits par des hommes, dans des sociétés patriarcales et esclavagistes. Leurs lois reflètent les normes de leur époque, pas une morale universelle.
- Erreurs factuelles : Ces textes contiennent des descriptions du monde aujourd’hui réfutées par la science (Terre plate, créationnisme).
- La séparation de l’État et des églises : une nécessité pour la coexistence pacifique
- Neutralité de l’État : Dans une société pluraliste, imposer des dogmes religieux à tous est injuste. La séparation de l’État et des églises garantit que les lois soient fondées sur la raison et le débat démocratique, pas sur des révélations contestables.
- Principe : La séparation de l’État et des églises permet à chacun de vivre selon ses convictions sans les imposer aux autres.
Schlussfolgerung : Les dogmes religieux sont des constructions culturelles, pas des vérités universelles. Ils ne doivent pas dicter les lois d’une société laïque.
g) La tolérance à double sens : les laïcs ne censurent pas l’ECLJ
Contrairement à l’ECLJ, qui cherche à imposer ses valeurs religieuses à tous, les défenseurs de la laïcité ne demandent pas l’interdiction des dogmes chrétiens. Ils demandent simplement que :
- Les croyances religieuses restent dans la sphère privée.
- Les lois soient fondées sur des principes universels (droits humains, égalité, science), pas sur des dogmes.
Exemple : Personne n’empêche l’ECLJ d’enseigner ses croyances, mais personne ne peut imposer ces croyances à ceux qui ne les partagent pas.
Schlussfolgerung : La vraie tolérance, c’est accepter que chacun vive selon ses convictions, sans les imposer aux autres.
Résumé des arguments de l’AEPL
Voici pourquoi l’IVG doit rester un droit fondamental en Union Européenne :
- « My Voice, My Choice » : Une Initiative Citoyenne Européenne historique, portée par 300 organisations, pour garantir l’accès à un avortement sûr, légal et financé dans toute l’UE. Plus d’un million de signatures ont forcé la Commission européenne à se prononcer d’ici mars 2026.
- L’ECLJ, un lobby anti-avortement dangereux : Financé par des donateurs évangéliques américains, ce groupe utilise des témoignages biaisés, des études non scientifiques, et une stratégie d’influence auprès des députés européens pour restreindre l’IVG. Leur objectif : supprimer le financement public de l’avortement et imposer des politiques natalistes coercitives.
- L’IVG, un droit protégé par l’UE : La Charte des droits fondamentaux de l’UE reconnaît l’IVG comme un droit lié à la dignité, l’autonomie corporelle, la vie privée, et la santé. La CEDH et l’OMS confirment que légaliser l’IVG sauve des vies.
- Les arguments de l’ECLJ sont infondés :
- Faux : L’avortement serait « toujours traumatisant ». Réalité : La majorité des femmes ressentent un soulagement (OMS, 2021).
- Faux : L’IVG « nie les droits du fœtus ». Réalité : Le droit international protège d’abord l’autonomie de la femme (CEDH, 2010).
- Faux : Les seules « politiques de soutien aux familles » suffiraient. Réalité : Sans éducation sexuelle et accès à la contraception, ces politiques échouent (ex. : Pologne).
- La décision appartient aux femmes, pas aux clergés : L’autonomie corporelle est un droit humain. Les textes religieux, écrits dans des sociétés patriarcales, ne peuvent pas dicter les lois d’une Europe laïque.
- Les dogmes religieux ne sont pas des vérités scientifiques : Ils reposent sur des hypothèses invérifiables. Une société démocratique doit fonder ses lois sur la raison, pas sur la foi.
- La tolérance, ça marche dans les deux sens : Les laïcs ne demandent pas l’interdiction des croyances de l’ECLJ, mais refusent que celles-ci s’imposent à tous.
Guy T’hooft, Past Président de l’AEPL
[1] https://genethique.org/author/gregor-puppinck/ e
[2] Le monde diplomatique, « Évangéliques en France, chronique d’un essor politique », décembre 2024.























